Rien ne va plus pour Alexandre Varda. Ce promoteur en haut de l’affiche fait les frais du
dernier projet explosé en plein vol. Pour arranger les choses, « un malheur ne vient jamais
seul » dit le dicton et il a raison. Il vient de perdre sa fille, exilée là-bas, dans le bleu de la
Méditerranée au cœur des îles grecques. Alexandre a beaucoup de temps à perdre et c’est
peut-être l’occasion de l’honorer une dernière fois. Il débarque sur cette petite île perdue de
Kalamaki. Il découvre qu’il est aussi grand-père. Yannis est atteint d’un syndrome autistique,
il compte le monde qui ne veut pas de lui. Dans un premier temps, ce père qui garde le silence
depuis douze ans, cherche tous les moyens pour placer le petit. Le projet d’un promoteur peu
respectueux des vieilles ruines et des maisons hantées par tant de souvenirs pourrait être une
aubaine pour lui. Le soleil, la mer, un petit garçon peu ordinaire et sa nounou Maraki sont
bien décidés à changer un vieil homme que la vie a aigri. Il faudra que les masques tombent,
comme dans le théâtre antique et que les vérités transforment les cœurs endormis.

Pour son retour à la réalisation Takis Candilis, adapte le roman éponyme de Metin Arditi,
sorti en 2016 aux éditions Grasset. C’est un parcours initiatique, la transformation d’un
homme qui voit le monde du haut de son empire de promoteur immobilier sans scrupule. Son
licenciement et la mort de sa fille bousculent cet homme qui pensait maitriser le monde. C’est
à travers les yeux d’un enfant qu’il prend le temps de connaître et découvrir. Il rattrape ces
moments, perdus à courir les gratte-ciel en oubliant sa propre fille. Non seulement il trouve un
petit-fils qui, peu à peu touche l’âme de ce grand-père désorienté mais aussi, il découvre la
vraie personnalité de sa fille et tout ce temps perdu à chercher l’inutile vérité du monde.
Alexandre compte le monde en dollars, et Yannis le mesure à la grandeur du passé, des lieux,
des souvenirs et de l’absence d’une mère.
Ce sont ces liens que nous tissons avec ceux que nous aimons, mais aussi ceux que nous
croisons. Alexandre comprend, avec ce licenciement, qu’il est bien plus seul qu’il ne le
pensait. Il découvre un autre monde sur cette île, une autre façon de se mesurer à la vie. Une
affaire immobilière vient rendre les décisions de cet homme bien plus complexes. Sans cesse
se joue le jeu des visages que nous dévoilons, de l’acteur que nous sommes dans le théâtre de
la vie. Bernard Campan, dans un jeu sobre, donne une certaine ambiguïté au personnage
d’Alexandre, balloté entre l’écologie, le passé, une certaine sincérité et le monde de l’argent
prêt à tout raser.

Cette comédie légère est à l’image de l’île, ensoleillée et pleine de promesses. C’est celle d’un
homme aux portes du désespoir qui trouve la clef de l’espérance. La mise en scène de Takis
Candilis évite l’aspect carte postale et vacances pour explorer l’incapacité à créer un lien avec
les autres. Il choisit de prendre le temps, légèrement contemplatif par moments, les lieux
deviennent le point de passage de ces petits pas effectués l’un vers l’autre. Nous lui
pardonnons sa fin conventionnelle et simpliste pour un film où le silence est important.

Fiche technique
Titre : L’enfant qui mesurait le monde
Réalisation : Takis Candilis
Scénario : Takis Candilis, Samy Baaroun, Karim Boukercha
Musique originale : Cyril Morin
Directeur de la photographie : Yorgos Arvanitis
Cheffe opérateur du son: Ophélie Bouly
Cheffe décoratrice : Aliki Kouvaka
Cheffe costumières : Katerina Zoura et Delphine Poiraud
Chef Monteur : Ewin Ryckaert
Producteurs délégués : Roméo Cirone et Jean-Michel Lorenzi
Coproducteurs : Fénia Cossovitza, Arnauld de Battice et Marianne Chenet
Producteurs exécutifs : Anna Zografou et Fernand Garcia

Sociétés de production : Romeo Drive Productions (Producteur délégué), YTA Productions
(Coproducteur délégué), AT Productions (Bruxelles), Blonde Audiovisual Productions
(Athènes)
Pays de production : France – Grèce – Belgique
Genre : Drame
Date de sortie : 26 juin 2024

Distribution
Bernard Campan : Alexandre Varda
Raphaël Brottier : Yannis
Maria Apostolakea : Maraki
Fotinì Peluso : Theofania
Stathis Kokkoris : Andreas Manos
Panos Kranidiotis : Constantin Makropoulos
Metin Arditi : Papa Kosmas
Giannis Pimenidis : Dimitri Iohanou
Christos Novas : Grigoris
Dimitri Gkoutzamanis : Nikos
Nikolas Politis : Le policier
Koskas Krommydas : Stavros
Alexandros Zouridakis : Vassilis
Anna Tzanakaki : Elena Bratopoulou
Charlie Dupont : Antoine
Tania Gabarski : Anne
Reinhild Steger : Betty

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